Avec le changement climatique, la hausse des températures peut favoriser l’activité de certains insectes, en accroissant leur aire de vie avec une tendance à l'expansion des ravageurs du sud vers le nord. Les périodes d'activité, en lien avec les exigences thermiques des espèces, sont plus précoces et plus longues.
En particulier, certaines espèces deviennent actives à des endroits ou à des moments où elles ne l’étaient pas auparavant. D’autres espèces d’insectes, au contraire, s’éteignent localement. Cela conduit à des changements importants dans la structure et le déroulement des interactions entre espèces (J. A. Harvey et al, 7 nov 2022 in Ecological Monographs).
La floraison, stade le plus sensible sur pois et féverole
Les ravageurs sur pois et féverole sont souvent différents. Seul un ravageur commun : le sitone, sinon chaque espèce a son puceron et sa bruche, le pois a également les thrips et les tordeuses. Pourtant, les stratégies de lutte sont proches. La période de floraison est évidemment la plus sensible, mais les chaleurs précoces en début de saison peuvent favoriser le développement de certains insectes, en particulier des pucerons.
Dans ce cas, la protection devra être déclenchée plus tôt et vous devrez rester vigilants pour ne pas vous faire envahir. Un seul passage bien positionné peut être très efficace.
La bruche toujours aussi problématique sur féverole
La bruche reste préoccupante, surtout en féverole. Il y a peu de solutions efficaces au champ pour lutter contre cet insecte : l’adulte pond sur les gousses et la larve pénètre rapidement la gousse pour aller se loger dans une graine. Il y a peu d’impact sur le rendement, mais il y a des incidences sur la qualité de l’alimentation humaine et sur le débouché semence.
Cependant, des pistes d’étude sont mises en place : utilisation de pièges avec attractifs, recherche de variétés résistantes, tests de solutions chimiques et de produits de biocontrôle. Une lutte au stockage est par ailleurs possible (insecticide, fumigation et thermodésinsectisation).
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La stratégie push & pull offre des perspectives en féverole
« Si ces dernières années, souvent atypiques, voient de fortes activités de ravageurs, tels que les pucerons en 2020 et l’augmentation de la pression bruche en féverole depuis 2010, d’autres ravageurs peuvent, à l’inverse, disparaître des radars à l’instar de la cécidomyie du pois », explique Bastien Remurier, référent national protéagineux à Terres Inovia.
Au-delà des insecticides, dont un retrait du marché est toujours à craindre, Bastien Remurier place un espoir dans les stratégies push & pull. À titre d’exemple, pour lutter contre la bruche de la féverole, des stratégies d’association de la phacélie avec la féverole (qui aurait un pouvoir répulsif) et le fait d'introduire une bande de moutardes autour (qui, au contraire, attirerait les ravageurs) sont testés.
Des règles à respecter
Lorsqu’il se justifie, tout traitement insecticide doit être réalisé avec un produit portant la « mention abeille ». Les doses d’utilisation autorisées à la floraison peuvent être revues à la baisse pour certains produits. De plus, l’intervention doit être réalisée tôt le matin ou tard le soir, pour traiter en l’absence d’abeilles sur la culture.
Aucun mélange n’est possible entre un produit insecticide contenant une pyréthrinoïde et un produit fongicide contenant une triazole ou une imidazole. En cas d’interventions successives, le traitement insecticide doit précéder le traitement fongicide d’au moins 24 heures.
Raisonnement des interventions
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Pois d’hiver |
Féverole d’hiver |
Thrips |
Seulement sur pois de printemps |
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Sitone |
Pyréthrinoïdes au stade 8-10 feuilles sur pois d'hiver seulement si 5 à 10 encoches par plante sur les premières feuilles émises |
Pas d’intervention après le stade 6 feuilles car le stade de sensibilité de la culture est dépassé |
Cécidomye |
Pois d'hiver moins touché que le pois de printemps, lutte insecticide peu efficace car difficile à positionner |
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Puceron vert |
Si plus de 10 % des plantes portent des pucerons, et en quantité supérieure à 10-20 insectes par plante, intervenir avec un insecticide |
Interventions différentes en fonction du stade 6 feuilles et/ou préfloraison. En présence d’auxiliaires, reporter la décision d’intervention en fonction de l’évolution des populations |
Tordeuses |
Seuil de déclenchement de l’insecticide basé sur la présence de l’adulte, dès le début de floraison |
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Bruches |
Aucun insecticide n’est efficace contre les larves. Une seule application à base de lambdacyhalothrine est règlementairement possible |
Intervenir en début de période, à partir du stade jeunes gousses 2 cm et lorsque les températures maximales journalières sont supérieures ou égales à 20°C |